Coup de Coeur : La Guadeloupe, Mon Visage – Moun Isidan…

C’est le projet le plus étonnant, le plus touchant de ces dernières semaines… il fait souffler un vent de fraîcheur dans notre fil d’actualité Facebook ! J’aime le projet, et j’aime la sincérité de l’homme qui le porte… Cédric Calvados parle nous de « La Guadeloupe Mon Visage – Moun Isidan ».

Cédric Calvados, créateur du projet « La Guadeloupe, Mon Visage – Moun Isidan »

KFA : Comment est venue l’idée d’un tel projet ?
Cédric Calvados : J’avais pensé à ce projet depuis l’année dernière… L’idée était de pouvoir associer des portraits à des pensées, des réflexions… les réflexions qui accompagnent les portraits sont un mélange entre les pensées des personnes que je prends en photo et les miennes… j’essaye d’interpréter en discutant avec elles…

Et puis cette année, j’ai pris mon père en photo chez moi, un portrait, (d’ailleurs c’est de là que m’est venue l’idée des portraits assez rapprochés) et le projet m’est revenu… j’ai beaucoup aimé la photo, alors je l’ai mise sur facebook et il y a tout de suite eu de l’engouement…
J’ai ensuite continué avec des amis qui jouent au foot… et je me suis dit « tiens, la Guadeloupe à un visage ! » et l’idée est venue comme cela, « visage » « Guadeloupe » « Guadeloupe » « visage »…

KFA : Tu as une technique particulière… des portraits, de face, très rapprochés, qui donnent un visage particulier aux personnes que tu prends en photo… on n’est d’ailleurs pas forcément beau !!! Est-ce le fruit du hasard, ou est-ce parce que tu veux montrer, ou dire quelque chose ?
CC : Ce qui m’a interpelé lorsque j’ai pris mon père en photo, ce qui m’a marqué, c’est son regard… A l’époque, la technique n’était pas calculé, mais je trouve qu’on ne s ‘attarde plus trop sur cela, le regard. Regarder l’autre, se regarder les uns les autres… Lorsque je m’approche des gens, j’arrive à atteindre leur âme… On est aujourd’hui de plus en plus dans la photo de mode, très esthétique… et moi, je voulais quelque chose d’authentique, de vrai… où les gens ne sont pas apprêtés, où on ne s’attarde pas sur le corps, l’environnement, mais vraiment sur le regard. Je trouve que de cette technique émerge une certaine franchise.

KFA : Comment sélectionnes-tu les personnes prises en photo ?
CC : Il n’y a pas de critère, je veux juste montrer qu’en Guadeloupe, il y a de tout : des noirs certes, mais aussi des blancs, des indiens, des arabes, des asiatiques… Cela n’est pas toujours facile, les asiatiques par exemple sont plus pudiques…
Cela se fait aussi en fonction de l’instinct, de ce que je ressens.
Il y a la gueule aussi ! Ce que la personne dégage
En me levant le matin, j’aime l’idée de ne pas savoir qui je vais prendre en photo : cela m’oblige à présenter mon projet, en discuter… et j’aime cela, c’est ce rapport à l’autre que je trouve intéressant !

KFA : Combien de personnes as-tu déjà prises en photo à ce jour? 
CC : Entre 250 et 300 personnes en portrait… Ensuite il y les albums de profils, de duos, ou trios.

KFA : Tu comptes certainement continuer le projet. Où veux-tu l’amener ?
CC : Il y avait la performance : faire des photos tous les jours avec différentes personnes. Cela fait plusieurs semaines que le projet a débuté et je pense que je suis allé au bout de cet aspect performance.
Maintenant, je désirerais donner une autre tournure au projet en allant vers des personnalités de tous genres : politiques, sportives, artistiques…
Et puis il y a aussi les dépendances, pour me rapprocher au plus prêt de l’existant, de ce qu’est la Guadeloupe de manière globale.

KFA : Est-ce que tu penses à une exposition de ce projet ?
CC : Je suis déjà en pour parler avec quelqu’un qui m’aide, me conseille…
Lorsque j’ai commencé les photos, mon objectif était d’en faire un livre, le livre reste… l’expo c’est bien, mais c’est éphémère. Le livre se partage, voyage plus simplement.
Je pense que je vais d’abord commencer par une expo.

KFA : As-tu quelque chose à ajouter ?
CC : Oui, je voudrais juste dire que j’ai peur !
Parfois, j’ai peur des gens vers qui je vais… je n’arrive pas comme un conquérant sûr de lui ! Il y a des personnes que je croise, j’ai envie de les prendre en photo, mais j’ai peur et je n’ose pas demander…
C’est un projet qui vit avec moi, on est au même niveau : j’avance, il avance, je recule, il recule… j’ai peur, il se ferme, je m’ouvre, il s’ouvre ! Cela a ses avantages et ses inconvénients, mais j’aime ça !
Et puis c’est un projet qui se veut collectif… je veux que les gens puissent sentir qu’ils participent au projet et qu’ils le font avancer,  je suis donc ouvert aux propositions, aux idées, aux échanges… et jusqu’à maintenant c’est comme cela que cela se passe, et ça c’est cool !

Merci Cédric… Merci pour ce petit moment si sympathique que tu m’as accordé, merci pour ce projet tellement authentique, sans fard, qui nous montre tels que nous sommes, vraiment… nous en avons parfois tellement besoin… le retour à l’essentiel. Bonne continuation à ce projet que je soutiens à 100% 😉

La Guadeloupe, Mon Visage – Moun Isidan

Kreyol Fashion Addict